Comment savoir si mon massage est bon?

Une question revient souvent au début de l’apprentissage en massage :

Comment est-ce que je sais si je masse bien ?

C’est une bonne et importante question, à laquelle nous proposons de répondre en deux parties.

  • D’une part, je peux avoir confiance que je suis en train de faire un bon massage car je me suis donné·e dès le début les moyens de ne pas faire de mal et de faire bien avec mon massage.
  • D’autre part, je peux sentir si mon massage est de qualité car je prête attention aux retours que je reçois – en temps réel, et après ma séance. Et je m’y adapte!

Nous partageons quelques clés mais la liste de points qui suit n’est bien sûr pas exhaustive, et rien ne remplace vos ressentis et expériences personnels. Pour faire de bons massages, pratiquez encore et encore, et recevez aussi régulièrement ! Si vous avez envie de progresser plus précisément dans une technique, ou en cas de difficultés qui dépasseraient le cadre de cet article, n’hésitez pas à rechercher des formations complémentaires et/ou à demander des supervisions !

1. J’ai confiance que ce que je fais est bien car je me donne dès le début de la séance les moyens de ne pas faire de mal et de faire un bon massage.

Cela paraît évident, c’est une étape à ne pas manquer. Je m’attache à cela de plusieurs manières, avant même le début du massage :

  • Je prends soin d’observer la personne et de m’informer sur son état de santé avant le massage. Je lui demande si certaines zones de son corps sont fragiles ou douloureuses, je me les note en mémoire. Dès lors je respecte les précautions à prendre pendant son massage, si besoin (niveau de pression, choix des huiles, zones à éviter..) Je ne masse pas si la personne présente une contre-indication totale au massage (fièvre, maladie circulatoire grave..). De cette manière, je m’assure de ne pas faire de mal.

  • Je prends le temps de demander à la personne ses besoins et souhaits du jour. En m’adaptant à ses préférences, je me donne les moyens de faire un bon massage. Toutefois, je ne reste pas crispé·e sur un besoin au détriment de l’ensemble. Un bon massage répond aux besoins exprimés par la personne, tout en restant à l’écoute de ce qui se passe ailleurs, et en reliant les gestes à une composition plus grande, pour un bien-être global.

  • Je prends soin du cadre dans lequel j’accueille la personne pour son massage, ainsi que du matériel et des produits que j’utilise. Le lieu est sain, aéré, à bonne température. Mon matériel est en bon état, solide, et propre. Mes huiles sont de qualité, elles ne contiennent pas de produits toxiques ou agressifs, les concentrations en huiles essentielles sont correctes. Je peux faire un test poignet si nous choisissons une huile essentielle pour la première fois.

  • Si la personne présente des fragilités (grand âge, maladie, handicap…), j’adapte mon accueil, mon matériel, ma communication, mes gestes et mes techniques de massage à ses besoins particuliers. Par exemple, j’applique des techniques superficielles douces, je peux ajouter des coussins de soutien, je peux faire une séance plus courte, je ne laisse pas la personne seule et je l’aide à se relever pour ne pas qu’elle tombe, etc.

  • Je reste dans les limites de mes compétences de masseur·se de bien-être et je respecte la déontologie du métier. Je ne m’improvise pas ostéopathe ou kinésithérapeute ou chiropracteur ou psychologue, et cela même si la personne me le demande, du type « Faites moi craquer la colonne s’il vous plait » – Non. Si ce que la personne me demande n’est pas dans mes compétences, je l’en informe et je peux le cas échéant la ré-orienter vers d’autres professionnel·le·s.

  • Je suis moi-même en bonne santé, et je travaille dans le respect de mes limites physiques et émotionnelles. Par exemple, je ne vais pas masser alors que je serais contagieux·se d’un rhume ou autre. Lorsque j’exécute mes techniques, je prends soin de ma posture: Je reste dans mes capacités de force, de souplesse, d’équilibre, afin de ne pas risquer de faire un mauvais geste, de déraper ou de tomber sur la personne. Si la personne est très émue, j’interromps mon massage, ou je ralentis, pour faire de la place à son vécu et ne pas la stimuler d’avantage. J’accueille ce qui est là, mais je n’encourage pas des émotions fortes à surgir – cela pourrait être trop.

  • Je respecte la sphère intime de la personne en protégeant son corps de l’exposition aux regards, en adaptant mes gestes à sa sensibilité, en restant réservé·e dans les questions sur sa vie et sa santé. C’est à dire je me limite aux informations nécessaires à la séance et ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas. En prenant soin de la pudeur entre nous, je permets que la séance lui fasse du bien. Si la pudeur est mal respectée, une gêne peut gâcher le meilleur des massages… (attention, cela peut même le gâcher après la séance !)

  • Je suis calme. Avant de masser je prends un temps pour m’apaiser, reconnaître comment je me sens aujourd’hui, me centrer – au moyen d’une méditation, d’une respiration, ou d’un exercice corporel. De cette manière je me mets en conditions pour bien réaliser mes techniques, et pour être réceptif·ve aux retours que je recevrai pendant le massage (voir paragraphes suivants). En prenant ce temps d’introspection avant de commencer j’évite aussi des confusions, des projections de mes problèmes sur l’autre. Cela peut paraître idiot, mais c’est parfois parce qu’on a soit même mal à l’épaule qu’on passe trop de temps à masser celle de l’autre, ou trop fort… alors que sa demande concerne peut-être une autre zone.

Si j’ai pris soin de tout cela, alors il y a moins de risques que je sois en train de faire mal avec mon massage. Maintenant, comment savoir-sentir que je fais vraiment bien ?

2. Je sens-sais si je masse bien car je prête attention aux retours que je reçois – en temps réels et après le massage – et je m’adapte

Nous entrons dans l’art même du massage bien-être, où rien ne vaut l’expérience personnelle. Observons tout de même plusieurs manières de « sentir-savoir » en temps réel si mon massage est bon :

  • La première façon d’avoir un retour sur la qualité de ce que je fais est de poser directement la question ! Oui je peux, et il vaut mieux, demander de temps à autre à la personne si le massage lui convient, notamment le niveau de pression. Je mets la personne en confiance pour s’exprimer dans sa séance. C’est une capacité du métier qui s’entraîne, comme le reste : J’apprend les manières de bien formuler une question de contrôle et à sentir les meilleurs moments pour la poser. J’évite les fausses questions fermées type « tout va bien ? » où la seule réponse possible semble rapidement « euh..oui » (alors que peut-être non en fait).

  • Je prête attention, flottante, ouverte, aux manifestations organiques en direct du corps: mouvements des membres, sons émis, qualités des muscles qui indiquent le confort ou l’inconfort, un état de relaxation ou de stress, le bienfait ou l’inefficacité d’une manœuvre que j’applique… Parmi les réactions plutôt négatives, il y a le sursaut, la crispation, les mains serrées, une respiration retenue… Parmi les réactions plutôt positives, il y a les borborygmes, les soupirs, la respiration plus calme, un sourire, la posture qui s’ouvre, et bien sûr la peau et les muscles qui changent de qualité sous ma main (souplesse, chaleur, attendrissement..). Toute une symphonie ! La liste ici est loin d’être exhaustive ! Avec l’expérience (aussi bien en donnant et recevant des massages moi aussi), je sais mieux percevoir ces signes du corps et adapter ce qu’il faut de technique, pression, rythme, etc.

  • J’écoute les sensations en moi qui m’informent sur le bon (ou mauvais) déroulé du massage, et me guident. Par exemple, prendre plaisir, être serein·e est souvent un indicateur que je fais plutôt bien, en tout cas que je suis en bonnes conditions pour bien faire. L’agitation qui survient pendant le massage, ma respiration qui se coupe ou ma posture qui se raidit, une douleur peuvent au contraire être le signe que quelque chose n’est pas optimal, à corriger. Je peux aussi avoir des intuitions, par exemple me sentir inspiré·e à marquer une pause, répéter un geste, aller à tel endroit… J’apprends avec l’expérience à distinguer subtilement tout ce monde interne, dans l’échange avec le massage et mon/ma massé·e.

  • J’ai la sensation que ce que je fais est beau. Audrey Berger dit souvent « si ce que tu fais est beau, alors ça doit être bon ». Chez Biopulse Audrey forme entre autres au Massage Rituel Japonais du visage, où la précision et la grâce des gestes sont au coeur du protocole. Mais sa remarque est valable pour tous les massages. De quel beau parlons-nous ? Il ne s’agit pas de quelque chose de spectaculaire et flamboyant. Il s’agit du beau comme humble émanation d’un état intérieur de paix, de bonté, comme l’éclosion d’une qualité de présence – qui se manifeste au dehors par une certaine grâce dans les gestes. Cela ne s’invente pas, cela ne se force pas… Cela vient du soin de soi et de la pratique !

  • J’observe un « avant » et un « après » de mon massage. Comment est le visage de la personne après sa séance ? Reposé ? Comme rajeuni ? Ou bien renfrogné, avec un air mécontent et pressé ? Comment est sa posture ? Sa voix ? Est-ce que je vois un mieux-être ? J’observe mon travail bien fait. Ou, moins bien fait.. (elle a l’air trop étourdie et trop dans le coton, par exemple). Je l’enregistre en moi. J’écoute avec attention les retours que me fait la personne en fin de séance. Je ne l’interromps pas, je ne la bombarde pas de questions, je n’interprète pas à ma sauce. J’écoute, je m’assure que j’ai bien compris éventuellement, et je prends note !

Et voici déjà quelques manières de s’assurer que nos massages sont et seront bons – même très bons, merveilleux, et en tout cas, pas mauvais 😉

Bons massages à toutes et tous !

A bientôt chez Biopulse !

Emily King & l’équipe pédagogique

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