Tous les chemins mènent à la montagne: Entretien avec Audrey Berger, formatrice en massages aux Huiles Essentielles (1/3)

Biopulse Audrey Berger

Cultivatrice de plantes médicinales, Audrey Berger est aujourd’hui masseuse bien-être, formatrice et créatrice du cursus Aroma & Massages chez Biopulse Formation, à Paris.

Les stagiaires de Biopulse la connaissent à travers les incontournables formations qu’elle anime, et le suivi qu’elle assure auprès de chacun·e en qualité de directrice pédagogique.

Discrète sur elle même mais vibrante comme une plante, nous lui avons posé à la Maison Biopulse quelques questions pour savoir un peu ce qui l’a emmenée par ces chemins et ce qui l’émerveille autant dans la compagnie avec les Huiles Essentielles.

TON PARCOURS

Audrey, tu es masseuse bien-être, associée et formatrice en massages chez Biopulse à Paris, où tu as créé en 2018 le cursus Aroma & Massage – une formation approfondie alliant savoirs-faire du massage et connaissances pratiques des Huiles Essentielles (HE). Peux-tu dire quelques mots de ton parcours jusqu’ici ? Quelle est ton histoire avec les plantes ?

J’ai commencé par des études de géographie puis j’ai eu envie d’aller sur le terrain, donc je me suis formée en agriculture. J’ai fait un BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Exploitation Agricole) et je me suis installée en tant que productrice de plantes médicinales. J’ai beaucoup appris au cours de séjours chez différents producteurs, sur la cueillette, le séchage, les différents modes d’installation. Je me suis à mon tour installée dans la Drôme, sur un site très intéressant botaniquement, avec au Sud les plantes de la Provence – donc des milieux secs, thym, lavande, origan – et de l’autre côté dans le Vercors, les plantes des milieux plus humides – Framboisier, Ortie, Prêle… Je cultivais dans mon jardin et je faisais beaucoup de cueillettes sauvages. Je fabriquais principalement des tisanes et des huiles de macération. Je n’avais pas d’alambic à moi, mais je distillais chez d’autres producteurs qui me prêtaient leurs alambics, pour faire des huiles essentielles de lavande fine et de thym à partir de récoltes sauvages.

Tu as donc vraiment une expérience de terrain !

Oui, tout à fait ! C’est vraiment là dessus que je forge mon enseignement. J’ai un rapport direct avec les plantes. Pendant que j’étais productrice, j’ai continué à me former à l’école lyonnaise des plantes médicinales pour acquérir des connaissances de la botanique, de la biochimie, de l’aromathérapie, de la physiologie, pour comprendre l’action des plantes sur le corps humain. Mon expérience de cultivatrice apporte un vécu de terrain à ces connaissances. Je connais les plantes, pas seulement en théorie. Par exemple, quand c’était la période de ramasser la Camomille, je l’ai désherbée sous la pluie, j’en ai pris soin… Je vois bien comment elle vit, comment elle pousse, quel est son « caractère » … Et les plantes sont toutes différentes !

C’est un vécu avec les saisons, connectée aux cycles de plantes…

Exactement. Toute la matinée, je ramasse la camomille, je suis avec elle, je la sens, ensuite je vais la mettre en séchoir, et puis évidememment en rentrant, qu’est-ce que je fais ? Une tisane de Chamomille ! Quand ça dure pendant 3 jours ou une semaine, ça en devient une expérience presque « chamanique »…

Comment quitte-t-on une vie comme celle là ? Quelle inflexion à prit ton chemin pour sortir de la Montagne ?

C’était un choix dû à un changement de vie sur le plan personnel. Je me suis dirigée vers le massage, parce que ça s’est imposé. Quand je me suis dit « Bon alors, qu’est-ce que je vais faire maintenant ? » D’un coup, je me suis dit, Je vais masser !

Où t’es tu formée au massage bien-être ?

Chez Biopulse, à (l’époque à) Avignon ! Je les avais rencontrés sur un salon, j’ai accroché, je suis allée à des ateliers découverte, ça m’a plu et j’ai fait la formation ! Le lien entre mon activité de productrice de plantes et le massage est ma curiosité pour le corps. Comment ça marche, et surtout comment en prendre soin avec les moyens simples qu’on a… à portée de mains ou de cueillette !

LE CURSUS AROMA & MASSAGES

À qui s’adresse le cursus AROMA & MASSAGES ? Comment l’as tu pensé ?

J’ai commencé par des petites propositions mais très vite je me suis aperçue qu’en peu de temps on redit toujours les mêmes choses. Certaines huiles sont très connues et on finit par rester dans cette petite sphère. Or j’avais envie qu’on connaisse aussi toutes celles qui restent dans l’ombre… Celles qu’on utilise moins, celles qui sont dans les mélanges qu’on peut trouver dans les commerces, mais qu’on connaît peu… Et j’avais envie de retrouver ce lien entre le massage et les huiles essentielles, de prendre le temps de proposer un portrait du corps humain complet, à travers le massage et les HE… Comment le corps fonctionne, comment on peut s’aider à la fois avec des techniques manuelles et des HE, en synergie.

Tu as donc construit un cursus long avec une progression par modules ?

Oui, j’ai construit les modules par systèmes physiologiques – nerveux, immunitaire, digestif etc. avec les HE étudiées en fonction.

Même si une même HE peut servir à plusieurs choses, j’avais aussi dans l’idée de clarifier, d’avoir une belle boite à outils pratique selon les problématiques, également pour la fabrication de ses propres produits de massage. J’avais envie de donner des bases pour se servir des HE en toute sécurité, sans en avoir peur, pouvoir oser proposer des mélanges personnalisées… Montrer comment on peut faire des huiles de massage avec différentes dilutions, faire des baumes… Les HE ajoutent vraiment quelque chose au massage ! Il y a des gens qui ne pourraient pas masser sans musique, moi je crois que je ne pourrais pas masser sans huiles !!

Un des points forts du cursus est un voyage de terrain

Oui, l’avant dernier module est un voyage de terrain de 3 jours dans le Diois, à la rencontre de producteurs d’HE. Pour capter un peu le vécu de cultivateurs, comprendre ce qu’est une distillation, et voir les plantes vivantes, avant qu’elles soient en flacons.  On visite le jardin d’une productrice passionnée, on sent les huiles, elle nous raconte son métier… On rencontre également un pharmacien botaniste, très pointu en HE, qui nous en parle… C’était très important pour moi d’intégrer cela au cursus, de proposer des chemins en rapport aussi avec ma propre expérience.

Oui, la boucle est comme bouclée, tout tes chemins mènent à la Montagne ?!

Oui !

À qui s’adresse ce cursus ?

Je pense aux personnes qui s’intéressent aux plantes, de manière large, qui n’ont pas forcément de formation approfondie sur les plantes mais qui ont envie de les connaître, et de les connaître justement aussi par l’expérience. Par le corps, par le massage, par ce que les plantes peuvent nous apporter tous les jours lorsqu’on entre vraiment en contact avec elles – pas juste dans une connaissance intellectuelle. Je m’adresse aux personnes qui ont envie de les côtoyer, de les sentir, de s’en faire une expérience personnelle, parce qu’elles vont parler différemment à chacun.e.

Donc cela peut être des professionnels des métiers du bien-être, masseur·se·s ou pas, mais aussi des personnes qui désirent simplement acquérir une expérience et des savoirs-faire associant plantes et bien-être corporel ?

Oui, ça peut être pour des personnes qui ont quelques connaissances de base et qui ont envie d’aller plus loin dans la manipulation des huiles et l’exploration de leur propre relation avec ces huiles essentielles, pour des masseur·se·s qui ont envie d’aller dans cette exploration là aussi..

Y’a t’il un pré-requis pour suivre le cursus ?

Non, pas de pré-requis autre que cette curiosité envers les plantes et le corps. Simplement un entretien préalable.

Fin de la première partie. Dans la deuxième partie de l’entretien à paraître bientôt, Audrey nous parle des bienfaits des massages avec des huiles essentielles, et de l’intérêt de créer ses propres mélanges.